30 janvier 2024
Quand les recruteurs parlent d’intelligence artificielle, ils abordent habituellement les avantages que pourront en tirer les employeurs, pour filtrer, sélectionner ou évaluer les candidats. Or, ils ont tendance à oublier que les candidats ont aussi accès à cette technologie. Et cela risque de bouleverser le monde du recrutement !
Il y a quelques semaines, The Wired frappait l’imaginaire avec l’histoire d’un programmeur ayant utilisé l’IA «pour postuler à 5 000 emplois» et obtenir «20 entretiens d’embauche ». Plus près de nous, l’experte en recrutement Sandrine Théard, rapportait une histoire de même nature à l’ouverture de l‘événement RH Trumontreal 2023.
Un recruteur dans le domaine de l’ingénierie a contacté un candidat qui avait appliqué sur un poste d’ingénieur; or, ce dernier n’avait jamais entendu parler du poste en question… Pour toute réponse, le candidat a expliqué qu’une «application d’IA» avait appliqué à sa place.
Le recruteur s’est retrouvé dans un dilemme, explique Sandrine Théard. Est-ce que j’écarte la candidature ou est-ce que je vais de l’avant? Du point de vue de la motivation, le candidat ne démontre aucun intérêt pour le poste. En même temps, il a un beau potentiel. En fin de compte, le recruteur a engagé la discussion et décidé de poursuivre le processus de recrutement. »
Voilà donc où nous en sommes : bientôt, les candidats pourront s’inscrire sur une plateforme d’IA et demander à un agent d’intelligent artificielle – « comme un agent d’artiste ou de sportif », illustre Sandrine Théard – de postuler à tous les emplois qui sont pertinents avec notre parcours professionnel.
Une IA qui parle à une autre IA ?
En un sens, c’est de bonne guerre, convient la fondatrice de l’École de recrutement – Les Sources humaines. Surtout si on regarde la manière que les employeurs traitent les candidats depuis quelques années. En tant que recruteurs, nous allons devoir revisiter toutes nos façons de faire, car, avec la pénurie de main-d’œuvre, nous ne sommes plus habitués à faire du volume. »
Lorsque le sujet a été abordé à Trumontreal, une professionnelle RH s’est faite rassurante sur la capacité des organisations à gérer ce volume de candidats.
Est-ce qu’on s’est mis à recevoir vraiment beaucoup plus de CV parce que les gens pouvaient nous les envoyer par Internet? Oui, peut-être. Mais les gens se sont adaptés, en utilisant eux-mêmes les outils à leur disposition pour optimiser la gestion des candidatures. Je crois que ce sera la même chose avec l’IA. »
Il est vrai que les recruteurs ont des outils de plus en plus sophistiqués pour eux-mêmes filtrer les candidatures. D’une certaine manière, nous allons nous retrouver avec « l’IA qui parle à l’IA », résume Sandrine Théard.
Le grand égalisateur
Avec les nouveaux outils d’intelligence artificielle, tous les candidats se retrouvent sur le même pied d’égalité. Ils auront tous la même capacité à produire des CV et des lettres de présentation rédigées sans faute et optimisées pour les postes visées.
Il faudra travailler sur l’évaluation des candidats », conclut l’experte en recrutement.
Remettre l’accent sur le fond des choses (les compétences du candidat) plutôt que la forme (la beauté du CV)… ce n’est pas une mauvaise nouvelle en soi!
Découvrez votre prochaine aventure professionnelle sur Isarta Emplois !