19 octobre 2023
La thèse de la stratège Rachelle Houde Simard est limpide : l’humain est par essence un « animal social ». Les chefs d’entreprise doivent donc solliciter cette dimension pour mobiliser leurs troupes, en personne ou à distance. Voyons comment grâce au livre SOCIABLE – Bâtir une culture d’entreprise forte dans un monde hybride (Septembre éditeur), qu’elle vient de publier.
Sur la planète «marketing et communications», Rachelle Houde Simard est une personnalité : ancienne directrice à la planification stratégique de Tam-Tam\TBWA et vice-présidente storytelling du Digital Dimension Entertainment Group, la fondatrice du groupe Facebook «Professionnel.les des communications numériques du Québec» (une communauté virtuelle de 12 000 membres, aussi appelée «Les Pros du Web») est une spécialiste des questions entourant la «gestion de communauté» (à ne pas confondre, selon elle, avec la «gestion des médias sociaux»).
D’un point de vue plus personnel, Rachelle Houde Simard a un parcours tout à fait unique, ayant passé son enfance en fonction des bases militaires où son père était en fonction. Forcée de s’intégrer à de nouveaux groupes d’amis à intervalle régulier, elle s’est progressivement intéressée à la question de comment se forment les appartenances et les communautés.
Gestionnaires d’entreprise et de communauté : même combat
Dans la dernière année, la stratège numérique a justement décidé de coucher sur papier sa vision de la gestion de communauté, puis d’expliquer comment le concept pouvait être utile pour piloter une entreprise. Après tout, que sont les employés ou les consommateurs, sinon des communautés que l’on tente de mobiliser?
Bien que les managers d’entreprise et les gestionnaires de communauté aient des préoccupations différentes selon la mission de leur groupe, ces personnes se posent plusieurs questions semblables, fait-elle valoir dans son livre. Comment attirer de nouveaux membres dans nos groupes? Comment assurer leur intégration? Comment maximiser leur loyauté? Comment encourager les échanges et la collaboration dans nos équipes tout en facilitant la productivité? Comment favoriser le sentiment d’accomplissement des membres? Comment faire en sorte que nous atteignions nos objectifs communs de façon prospère et durable? »
L’objectif du livre posé, le lecteur devra prendre une grande respiration (ou une grande tasse de café?), car Rachelle Houde Simard nous embarque dans une odyssée intellectuelle où elle ne laisse aucun caillou non retourné. Elle remonte à l’origine de chaque concept (la culture, la sociabilité, la bienveillance…) et apporte un solide bagage philosophique, sociologique, scientifique mais aussi personnel et professionnel, pour étayer sa thèse.
Si vous dirigez une telle entreprise, vous devez alors vous demander si ce livre est vraiment pour vous, écrit-elle. Permettez-moi de vous rassurer : Sociable n’est pas un livre sur les médias sociaux. Au contraire, ce livre s’adresse à toute personne qui dirige ou qui gère des équipes (comme une entreprise) et qui cherche à renforcer la culture du groupe en maîtrisant le potentiel de la technologie, sans mettre en péril le côté humain de son approche. »
La technologie à notre service (et non le contraire)
Pour résumer grossièrement la démarche de l’autrice, elle appelle à un usage « intentionnel » des technologies de communication.
Le risque avec la technologie sera toujours de la laisser dicter l’expérience que nous voulons offrir. Pour nous assurer que nos cultures d’entreprise demeurent bienveillantes et productives malgré la distance physique entre les membres de nos équipes, nous devons continuer à considérer la technologie comme un outil que l’on peut adapter à nos besoins. »
Sans dévoiler de « punch », la conclusion du livre se veut optimiste.
Quand j’ai commencé à écrire ce livre, mon souhait était d’explorer comment nous pouvions nous assurer que l’humain demeure central dans nos cultures d’entreprises, alors que la transformation numérique continue d’évoluer à un rythme effréné. J’ai toutefois fait une découverte inattendue : la condition humaine est déjà parfaitement adaptée à un monde où la ligne entre le virtuel et le réel est brouillée. C’est ainsi grâce, entre autres, à notre capacité innée de créer des communautés et d’y participer, peu importe leur mission, qu’elle soit sociale ou commerciale. »
D’une certaine manière, l’humain a toujours habité à mi-chemin entre la fiction et la réalité. La tête dans les nuages… et les pieds sur la terre ferme.
Extraits du livre :
Pour offrir à notre communauté une expérience hybride saine et axée sur l’accomplissement des individus et du groupe, il faut d’abord reconnaître et comprendre les besoins des membres du groupe, puis vouloir agir pour les combler. La compassion permet ainsi de faciliter le travail des employé·es selon leur emplacement, soit virtuel ou physique. »
Les marques qui envisagent de mettre en place des stratégies durables doivent penser, dès aujourd’hui, à l’expérience hybride de demain. Autrement dit, elles doivent être fermes sur le « qui » et le « pourquoi », et flexibles sur le « où » et le « quand ». »
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